dimanche 21 octobre 2012

Le Magicien d'Oz (L. Frank Baum)

4e de couverture: Dorothée, la petite orpheline au rire cristallin, vit avec son chien Toto dans une ferme retirée du Kansas, auprès de son oncle Henri et de sa tante Em. Rien ne semble devoir perturber son existence paisible et joyeuse...jusqu'au jour où un formidable cyclone vient tout bouleverser. Encore assommés par le choc, Dorothée et son compagnon se réveillent, le lendemain matin, dans une bien curieuse contrée...Ici ,les sorcières ressemblent à des fées, les arbres sont doués de parole et les rêves les plus fous se réalisent. A condition, bien sûr, de les formuler devant le Grand Magicien d'Oz. Se lançant à la recherche du mystérieux personnage, la fillette croise en chemin, l'Epouvantail sans cervelle, le Bûcheron en Fer Blanc et le Lion Poltron, qui ont, eux aussi une demande de la plus haute importance à présenter au Magicien.

  Le Magicien d'Oz  fait partie des classiques jeunesse mais je ne l'avais jamais lu. Je connaissais déjà l'histoire ayant vu le film (avec la formidable Judy Garland et son air mythique qui donne le titre à mon billet) ainsi que le dessin animé mais juste les grandes lignes car j'ai redécouvert des aventures que j'avais oublié.

Le magicien d'Oz a ce côté enfantin des contes et c'est très agréable à lire: on s'identifie à Dorothée facilement (et qui n'a jamais eu envie d'être emporté par un cyclone dans un pays imaginaire?): c'est une enfant agréable et elle forme avec ses compagnons de route, une bande unie à laquelle on à envie de s'intégrer. (En comparaison, Alice de Lewis Caroll m'avait un peu ennuyé au fil de ma lecture et je trouvais Alice un peu insupportable au final). Ce qui n'est pas le cas avec le roman de Frank Baum et son héroïne.

Par l'intermédiaire d'un conte, L Frank Baum nous parle de son époque: la dureté des terres du Kansas et du travail harassant: des charlatans qui pullulaient en ce début de siècle qui commençait (le livre à été écrit en 1900), dont le magicien d'Oz est un digne représentant, de l'esclavage, qui était toujours présent à cette époque, en nous montrant une sorcière de l'Ouest despotique avec ses sujets. Mais je ne vous en dirais pas plus car je n'ai pas envie d'analyser ce livre.

Pour tout vous dire, je l'ai lu au 1er degré: je n'ai pas trop chercher le sens profond du livre: j'avais besoin de m'évader pendant quelques heures et ce fut le cas, en partant avec Dorothée dimanche soir dans ce magnifique pays d'Oz. Et ça m'a fait un bien fou.

Je vous recommande ce voyage: en cette période estivale qui commence, prenez un billet pour Oz: je vous promet un voyage fantabuleux.

 L. Frank Baum: Le Magicien d'Oz (The Wizard of Oz), Librio, 125 pages, 2003

Jane Eyre (Charlotte Brontë)

4e de couverture: Jane Eyre est orpheline. Jusqu'à l'âge de 10 ans elle est hébergée (plus qu'élevée) par une tante. Elle et ses enfants maltraite Jane qui est finalement envoyée dans un pensionnat pour orphelins miteux. Jane y étudie pendant 6 ans puis y reste 2 ans comme enseignante. Quand les gens qu’elle aimait quittent l'école Jane décide de partir aussi. Elle trouve une place comme gouvernante d’une jeune fille française, pupille d'un certain M. Rochester. Comme il se doit ils tombent amoureux et décident de se marier

Le roman de Charlotte Brontë est magnifique. Elle nous raconte un parcours hors norme où l'on voit encore une fois se dessiner la lande anglaise sous nos yeux. La vie de Jane commence comme dans un roman de Dickens: Jane est élevée par une femme qui ne l'aime pas et martyrisé par un cousin qui l'exècre. Heureusement elle a un tempérament volontaire, sachant répliquer quand il le faut. Je trouve d'ailleurs qu'elle est en avance sur son temps, voulant être indépendante et ne pas se laisser marcher sur les pieds.
Cela l'emmènera dans une pension où elle restera huit ans. J'ai retrouvé l'atmosphère de Dickens encore une fois dans ces passages, la sévérité et l'insalubrité des lieux m'ont fait penser à l'orphelinat d'Oliver Twist. C'est très troublant et instructif car je pense qu'il y a une part de vérité dans ce qu'elle décrit.

Je trouve que les romans écrit à la première personne nous rapproche plus du personnage. On entend les pensées, écrite noires sur blanc, de Jane et ce qu'elle ressent.
En revanche, je n'ai pas été surpris par l'histoire à Thornfield car, ayant déjà vu le film il y a quelques années, je savais ce qui allait se passer. Je n'ai donc pas autant trembler que Jane devant les malheurs qui s'abattaient sur Mr Rochester et elle. La belle révélation, celle qui aurait du me faire réagir à fait pschitt car je me souvenais de ce fil de l'histoire. En revanche, j'ai redécouvert tout le reste et ce fut un régal. (Même si j'ai moins apprécié le moment avec la famille Rivers, un peu trop conte de fées pour moi).

Jane Eyre est un magnifique roman qui vaut d'être découvert et lu. C'est un roman fort, touchant par moment et une histoire d'amour qui nous emporte et qui nous redonne confiance en l'amour (car comme le dit Jane, elle n'est pas belle et Mr Rochester non plus). Mais quand l'amour nous touche, on voit avec le cœur et c'est une vision très différente.

Avec ce livre, j'ai découvert l'univers de Charlotte Brontë et, même s'il m'a moins marqué que "Les Hauts", j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Maintenant, il me reste à découvrir l'univers d'Anne, la dernière des soeurs Brontë.

Charlotte Brontë: Jane Eyre (Jane Eyre), Le Livre de poche, 540 pages (avec commentaires), 1964



Un brin de verdure (Barbara Pym)

4e de couverture: Avec la discrète Barbara Pym, nous voici au cœur de l'Angleterre : villages écologiques, églises anglicanes hantées par de ténébreux pasteurs à marier et par de malicieuses bigotes, ventes de charité où l'on papote et l'on médit et l'on s'épie, salons de thé, bibliothèques, associations universitaires. 

Barbara Pym est une auteure anglaise un peu tombé dans l'oubli. Mais, depuis quelque temps, les lecteurs la redécouvrent. Je fais parti de ces lecteurs. Avant de découvrir ce petit livre en librairie, je ne la connaissais pas. Il faut dire que je ne m'intéressais pas trop aux auteurs anglais. Ce qui a changé depuis l'année dernière où je découvre cette littérature.
Et qu'ai je pensé de ce livre de Barbara Pym?
C'est un enchantement. Pendant deux jours, j'ai découvert un charmant petit village anglais avec ces pasteurs (veufs) que l'on veut remarier à tout prix, ces commères, ces fêtes (des fleurs ou autres), ces repas où tout le monde parlent sur tout le monde.
Puis, il y a Emma. Emma, qui débarque comme nous dans ce petit village où elle doit travailler à son étude: elle est anthropologue et porte donc un regard très "scientifique" sur cette communauté. Elle retrouvera un ancien amant (Graham) qu'elle a revu à la télé et à qui elle donnera un rendez-vous. Mais elle ne laisse pas insensible Tom, le pasteur, veuf depuis quelques mois. (D'ailleurs tout au long du roman, j'ai voulu un rapprochement entre les deux personnages. Ce qui fait que je ne voyais pas d'un très bon œil, l'arrivée de Graham)

J'ai eu l'impression de retrouver le charme des romans du XIXe siècle où ceux d'Agatha Christie mettant en scène Miss Marple (l'affaire policière en moins bien évidemment). L'écriture de Barbara Pym est simple, légère. Elle laisse se dérouler les saisons tranquillement en nous faisant partager la vie de ces personnes qui pourraient être nos voisins. Et on a qu'une seule envie: c'est de venir s'installer dans ce petit village.

Vraiment, je vous encourage à (re)découvrir cet auteure injustement oubliée. Certes, ce n'est pas de la grande littérature, mais on passe un très agréable moment avec elle. Un joli petit livre.

Barbara Pym: Un brin de verdure (A few green leaves), 10/18, 300 pages, 1987



jeudi 18 octobre 2012

L'Histoire sans Fin (Michael Ende)

4e de couverture: Bastien, un garçon de douze ans, déroba un jour un livre ancien qui le fascinait et se réfugia dans le grenier de son école pour le lire. Un livre pas comme les autres...Il y était question d'un pays fantastique où vivaient une toute petite impératrice, des elfes, des monstres, un garçon à la peau verte...Un pays menacé de mort et rongé par un mal étrange. Et voilà que Bastien, irrésistiblement entrait dans l'histoire, une histoire fantastique qui recommençait avec lui, L'Histoire sans fin...

J'ai enfin pu effectuer mon voyage vers le Pays Fantastique de l'Histoire sans fin...voyage interrompu, il y a quinze ans alors que je me trouvais au CDI de mon lycée. J'avais une demi-heure a tuer avant la reprise de mes cours: j'avais alors flâner parmi les rayons du Centre de doc quand mes yeux se sont posés sur le roman de Michael Ende. Intrigué, j'ai pris le livre, me suis installé à une table et j'ai commencé ma lecture. Alors que je faisais la connaissance de Bastien, je n'ai pas pu entrer dans le Pays Fantastique. Il avait fallu que je pose le roman juste avant que Bastien commence à lire le livre qu'il avait dérobé dans la Librairie, parce qu'il fallait que je me rende en cours.
Quinze ans ont passés. Et là, je découvre que L'Histoire sans fin se rappelle a moi par l'intermédiaire d'un partenariat. Enfin, je vais pouvoir effectuer mon voyage, un voyage avorté lorsque j'étais adolescent.

Et voilà que je termine  ce voyage et j'en ressort ébloui. Le roman de Michael Ende est devenu un classique du genre Fantasy (un genre que je ne connais pas bien mais que je ne demandais qu'à découvrir). L'auteur à su créer un monde homogène mais tellement changeant, fait de monstre de pierre, de dragon, d'hommes à la Peau Verte, d'impératrice et de tellement de personnages qu'on ne sait plus quoi penser et où l'histoire nous entraine. Et pourtant à aucun moment, Michael Ende ne s'égare dans ce pays en perpétuel mouvement.

Pour moi, le roman se construit en deux temps; il y a d'abord une première partie avec Atreju, le garçon du peuple des Hommes à la peau Verte qui essaye de sauver le Pays Fantastique de la destruction. Le récit d'Atreju est entrecoupé de paragraphe où on suit Bastien lisant les aventures d'Atreju. A ce moment là, je me suis mis dans la peau de Bastien, voulant même être à sa place. (D'ailleurs, j'ai trouvé étonnant que Bastien "plonge" dans le livre de L'Histoire sans fin qu'à la moitié du roman pratiquement. Moi qui pensait que cela se ferait dès le départ.)
Puis vient la deuxième partie, qui je l'avoue m'a moins passionnée. Je ne savais plus où l'auteur voulait nous emmener.

Des deux héros: Bastien et Atreju; ma préférence va pour ce dernier. C'est un garçon, courageux, téméraire et plein de bon sens, alors que Bastien devient de plus en plus énervant et arrogant au fil des pages. Je me suis alors complètement détaché de lui, ne voulant pas lui ressembler. De plus, il devient tellement imbu de lui même qu'il ne se rend même pas compte que Xayide, la sorcière, le manipule.

Ce qui m'a frustré dans le roman, c'est que l'auteur commence des histoires avec des nouveaux personnages et qu'il les laisse en suspend en nous disant que cela est une autre histoire et qu'elle nous sera contée plus tard. Je sais bien que la trame principale concerne Bastien mais cela m'a un peu laissé sur ma faim.

En nous racontant cette histoire, Michael Ende nous parle de son métier de conteur. Il nous dit que tout le monde peut inventer des histoires. Il suffit seulement de laisser vagabonder son imagination. Mais que parfois les personnages prennent le pouvoir et qu'ils peuvent nous échapper. Et qu'en voulant réinventer sa vie selon ses désirs, on perd de vue l'essentiel: soi.

Pour finir, je voudrais parler de l'objet livre en lui même. C'est un très beau livre, dont chaque chapitre commence par une belle illustration qui résume les évènements de chaque chapitre. Et j'ai remarqué que les 26 chapitres du roman forme un abécédaire commençant par la lettre A et finissant par Z. Une très belle prouesse du traducteur français.

Je ne regrette pas ce voyage dans le Pays Fantastique et je vous encourage à le faire que vous soyez petits ou grands. Car il n'y a pas d'âge pour imaginer ses propres histoires. Il suffit de se laisser guider et d'y croire.


Michael Ende: L'Histoire sans fin,(Die Unendliche geschichte),Le livre de Poche, 498 pages, 1984

Ville Noire, Ville Blanche (Richard Price)

Résumé: Brenda Martin habite Gannon, la ville blanche qui jouxte les tours de Dempsy, une cité à majorité noire de la grande banlieue new©yorkaise. Par une lourde soirée de juin, la jeune femme échoue, hagarde, les mains en sang, à l'hôpital de Dempsy. Elle déclare à la police qu'elle rentrait chez elle en voiture lorsqu'elle a été arrêtée par un Noir, qui l'a éjectée de son véhicule, au volant duquel il s'est enfui. Avec, sur le siège arrière, Cody, quatre ans, le fils de Brenda. C'est Lorenzo Council, un inspecteur asthmatique, patriarche de cette communauté noire au sein de laquelle il est né, qui recueille sa déposition. Très vite, il y relève un certain nombre de contradictions. Avec son passé de toxicomane et de déséquilibrée, Brenda dit elle la vérité ? A la suite de ce tragique événement, les policiers de la ville blanche bouclent la ville noire, la presse s'empare de l'affaire et la tension monte. Entre Gannon et Dempsy, le contentieux est déjà lourd, et Lorenzo Council sait que l'explosion est imminente. Prêt à tout, il se résout à faire appel à Jesse Haus, une jeune journaliste blanche ambitieuse, mais née elle aussi dans un quartier défavorisé. Comme Lorenzo, Jesse soupçonne Brenda de ne pas avoir tout dit. Flairant le scoop, elle tente de gagner la confiance de la jeune mère. Mais la vérité ne peut être simple car le personnage de Brenda est complexe. Son histoire se tisse peu à peu. Une histoire qui ne s'écrit ni en noir ni en blanc...

 Ville noire, ville blanche est un polar atypique. Avec un style sec, nerveux et des dialogues taillé au couteau - on ressent d'ailleurs, la patte du scénariste de La couleur de l'argent - , Richard Price nous raconte l'histoire d'une Amérique fait de clivage entre les noirs et les blancs, avec comme décor, la banlieue new yorkaise qu'il connait bien.

Toutes les tensions que l'on ressent dans le livre, exacerbées au possible ne sont le fait que d'une personne: Brenda. C'est par elle que le conflit, blancs-noirs va faire peu à peu exploser la ville. En affirmant qu'un noir lui a volé sa voiture dans laquelle se trouvait son fils de 4 ans Cody, elle va mettre les flics sous pressions et la ville de Dempsy va se retrouver bloquée. Les noirs n'ont plus le droit de sortir de leur "cité", faisant de leur quartier un ghetto.

Trois personnages vont se détacher du lot des nombreux personnages qui "habitent" ce roman:
Brenda, la victime qui va se dévoiler progressivement jusqu'à la terrible vérité. C'est un être fragile qui ne se rendra pas compte du tort qu'elle va faire aux habitants des quartiers de Dempsy et de Gannon.
Lorenzo Council, flic noir, surnommé par tous les gens du quartier black: Big Daddy, nous montre un être torturé par sa vie chaotique: séparé de sa femme, un fils en prison, mais ayant toujours à coeur de bien faire son métier et de venir en aide aux victimes qui en ont besoin: il va mener les recherches du gamin et s'occuper de Brenda, malgré qu'il sent qu'elle lui cache quelque chose.
Jesse Haus, journaliste, n'ayant que son boulot en tête. en clair, il est toute sa vie et elle ferait tout pour un scoop. C'est comme ça qu'elle va croiser la route de Brenda et faire amie amie avec elle pour ce fameux scoop. Sauf que ce qu'elle va découvrir va tout remettre en question.

Ce qui rend ce polar atypique que j'ai beaucoup aimé -mais qui m'a aussi beaucoup frustré à chaque fois que je devais poser le livre à contre coeur car d'autres activités,- professionnelles le plus souvent- me rappelaient à l'ordre-, c'est que l'enquête criminelle n'est qu'un prétexte- d'ailleurs on aura le fin mot de l'histoire 200 pages avant la fin.
L'enquête n'est là que pour nous montrer le racisme présent à chaque instant: Les blancs n'ont jamais vraiment accepté que les noirs vivent en liberté dans leur ville.
Certains personnages noirs , disent même que la police n'aurait pas fait tout ce ramdam si l'enfant à retrouver était noir: le quartier n'aurait pas été bouclé, des arrestations de noirs n'auraient pas eu lieu pour essayer de retrouver l'agresseur.
Ce que raconte ce livre, c'est l'affrontement de deux Amériques, les souffrances, les douleurs. Jusqu'à l'explosion finale lors d'une marche organisée par le révérend Longway du quartier blanc, Gannon. Peut être n'auraient t-ils pas dû traverser la frontière: le parc où l'agression à eu lieu. Ce fameux parc qui se situe entre Gannon (quartier blanc) et Dempsy (quartier noir).

Ville noire, ville blanche est un polar qu'on ne peut lâcher avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire. Et dès la dernière page tournée, les réflexions et les questionnements se bousculent dans notre tête. On ne sort pas indemne de cette histoire. Surtout quand elle s'est joué devant nos yeux (car ce livre est écrit comme un film. Un film que j'aurai bien aimé voir dans une salle de cinéma). Je me demande d'ailleurs pourquoi j'ai laissé ce livre dormir trois ans dans ma PAL. L'erreur est enfin réparée et je vous conseille de découvrir la plume nerveuse et sans concession de Richard Price. Elle m'a laissé plus d'une fois hors d'haleine et sans voix.

Richard Price: Ville noire, ville blanche, (Freedomland), France Loisirs, 718 pages, 1998

mercredi 17 octobre 2012

Mansfield Park (Jane Austen)

Résumé: Fanny Price est issue d'une famille pauvre qu'elle quitte à l'âge de dix ans pour vivre avec son oncle et sa tante, Sir Thomas et Lady Bertram, à Mansfield Park. Sir Thomas désire en effet aider Mrs. Price, la mère de Fanny et la sœur de Lady Bertram, en prenant en charge l'éducation de Fanny.

Celle-ci est donc élevée avec ses cousins, légèrement plus âgés qu'elle, Tom, Edmund, Maria et Julia, mais il lui est presque constamment rappelé qu'elle leur est inférieure. Seul Edmund fait preuve de gentillesse à son égard; Maria et Julia la méprisent, Tom ne lui prête pas attention. Fanny maintient une correspondance régulière avec son frère William, officier de la Royal Navy. Elle acquiert en grandissant, notamment au contact d'Edmond, un sens moral qui lui sert de guide pour toute chose. La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des ans en un amour qu'elle garde secret.


Les jours passent calmement à Mansfield Park, jusqu'au jour où Lord Bertram part aux Caraïbes et que de nouveaux jeunes gens font leur arrivée dans les environs : Mr. et Miss Crawford, frère et sœur de la femme du nouveau pasteur. Leur arrivée bouleverse la vie austère de Mansfield Park, sous les yeux de Fanny...


Comment est ce possible? Moi qui aimait Jane Austen  depuis ma lecture du formidable Orgueil & Préjugés, et du beau Raison et sentiments, je ressors déçu de ce Mansfield Park.
Pourtant, je me faisais une joie de retrouver la plume et les histoires de Jane Austen. Quelle ne fut pas ma surprise de ne ressentir que lassitude et une envie irrépressible de ne pas y revenir à chaque fois que j'avais un instant de libre, voyant les pages se tourner lentement (et dire qu'il fait 510 pages!) et ne voyant pas le mot fin arrivé.
Pourtant, tout commençait tranquillement mais surement: j'avais lu les 70 premières pages en une soirée, ce qui augurait une lecture et un rythme de croisière satisfaisant.  Puis, je ne sais pas. Plus j'entrais dans l'histoire, plus je sentais mon envie de lire rétrécir, préférant faire autre chose.
J'ai trouvé l'histoire et les intrigues plates et lassantes comme cette histoire de pièce de théâtre qui s'étale sur plus d'une soixantaine de pages (si ce n'est plus!) pour n'aboutir à rien. Je me suis même dit: "tout ça pour ça". Pourquoi l'auteur s'est perdu dans ces détails. Mais l'histoire du théâtre n'est pas la seule. Pourquoi passer tant de temps sur l'intrigue amoureuse entre Fanny et Henry Crawford. J'étais tellement exaspéré qu'à un moment, j'ai même supplié Fanny pour qu'elle se décide à l'épouser et qu'on en parle plus.
Puis, que dire des personnages: aucun n'est pratiquement à sauver! Ils sont tous plus ou moins détestable, même Fanny qui m'a insupportée  devant tant de lassitude (je crois pour le moment, que c'est la seule héroïne de Jane Austen, la plus passive que j'ai rencontré, loin de Elizabeth et même de Marianne et Elinor qui ont un caractère plus fort ou plus appréciable). Les cousines de Fanny sont insupportables et la prennent de haut, Lady Bertram est d'une bêtise à faire peur, ne sachant pas prendre une décision elle même, les Crawford ne sont pas attachant pour deux sous: ce sont plutôt des arrivistes, oui! et des Hypocrites de surcroit. Mais celle qui fut la plus détestable et que j'ai fustigée durant tout le temps de ma lecture est la tante Norris. Quelle vieille peau! C'est à cause d'elle si Fanny est arrachée à sa famille pour lui être confié parce que Mâdame veut avoir un enfant, qu'ensuite, elle se décharge de cette enfant en la confiant à son autre soeur, Lady Bertram, qui avec son mari va prendre la pauvre Fanny à Mansfield. Elle a toujours été là à la rabaisser en lui disant qu'elle n'est pas du même rang que ses cousines et lui reprochant même tout ce qui arrive aux deux soeurs Bertram. Un comble! J'avais envie de la gifler!
En fait le seul personnage qui a trouvé grâce à mes yeux fut Edmond. Je n'ai rien eu à lui reprocher: il a pris soin de Fanny comme sa propre soeur, il fut abusé par cette mademoiselle Crawford et a poursuivit son but et ne s'est jamais écarté du chemin tracé pour lui. 

Chose étrange également: si je ne suis pas entré dans le roman, c'est aussi à cause du "style" de l'auteur. Je ne retrouvais pas ce "style" fluide et agréable de ces autres romans. Je le trouvais même parfois pompeux. Un comble pour Jane Austen qui a un style si vivant habituellement. Je pense que cet état de fait est dû à la traduction, plus classique et pompeuse qu'à l'accoutumée, comme pour faire plus roman clasique. Sauf que Jane Austen, je l'aime pour son ton impertinent, son style vivant et pas dans un style vieux jeu et lancinant.

Au final, j'ai été plus que déçu par ce roman et suis bien content de l'avoir (enfin!) terminé. J'espère toutefois que cela ne me freinera pas pour  lire les trois autres romans de Jane Austen qu'il me reste à découvrir.

Jane Austen: Mansfield Park (Mansfield Park), 10/18, 510 pages, 1982


Alice au pays des merveilles/De l'autre côté du miroir (Lewis Carroll)

4e de couverture: Quand le Lapin sortit une montre de son gousset, la regarda et reprit sa course, Alice se leva d'un bond car, en un éclair, elle réalisa qu'elle n'avait jamais vu un lapin avec un gousset et une montre à en sortir. Dévorée de curiosité, elle le suivit à travers champs, et eut juste le temps de le voir s'engouffrer dans un vaste terrier sous la haie. " Pourquoi Alice s'étonnerait-elle alors de rencontrer chemin faisant une Reine de Cœur, un Griffon, un Chapelier, un Lièvre de Mars ou de prendre le thé chez les fous ? C'est au pays des merveilles que l'a entraînée le lapin blanc, un pays où elle ne cesse de changer de taille, et où tout peut arriver. Un pays que Lewis Carroll met en scène avec une rigueur impeccable dans la loufoquerie. Loin de la mièvrerie du conte enfantin, cette nouvelle traduction restitue au texte anglais toute sa verdeur mathématique.

Quel plaisir ce fut de replonger dans le monde merveilleux d'Alice.
Comme tout le monde j'avais vu le dessin animé de Disney et j'avais déjà lu ce fabuleux rêve. Car oui, c'est un rêve que fait Alice, un après midi d'ennui. Et voilà qu'on se retrouve avec des animaux qui parlent, une reine drôlement cruelle (le fameux "Qu'on lui coupe la tête!" répété à tout va par la Reine de coeur me faisait rire à chaque fois).
En relisant le livre, j'avais l'impression de retrouver mon regard d'enfant. Je me laissais volontiers emporter par cette féérie.
J'ai remarqué également que le livre fait parfois peur, surtout dans le Terrier. La chute vertigineuse d'Alice et le fait de voir ces portes et ces couloirs sans savoir ce qu'il y a derrière n'est pas très rassurant.
Le fameux thé en compagnie du Lièvre, du Loir et du Chapelier fou est très étrange et on sent qu'Alice est un peu décontenancé par tout ça.
Bien que s'adressant à des enfants, Lewis Carroll met en place un univers sombre et mystérieux, que moi adulte j'ai eu plaisir à retrouver. De toute façon, c'est bien connu, les enfants aiment avoir peur.
J'ai pris un réel bonheur en relisant ce livre. Et je vous encourage à parcourir le monde merveilleux d'Alice.

Dans mon édition, il y a également la suite De l'autre côté du miroir que je n'avais pas lu.
Autant j'ai aimé retrouvé Alice au pays des merveilles, autant la suite m'a un peu ennuyé. J'avais du mal à entrer dans l'histoire. Cette partie d'échec géante ne m'a pas emballé. C'est un peu longuet. Cela ressemble beaucoup au premier livre: j'avais l'impression de lire le même parcours que dans Ailce, mais avec des personnages moins intriguant.
Et comme je ne comprend rien aux échecs et que ça ne m'intéresse pas, je n'ai pas pu apprécier ce texte qui n'est qu'une redite du premier, à mon sens.


Lewis Carroll: Alice au pays des merveilles, suivi de: De l'autre côté du miroir (Alice in Wonderland), Folio classique, 371 pages (avec notes), 1961

Raison et sentiments (Jane Austen)

4e de couverture: Raison et sentiments sont joués par deux soeurs, Elinor et Marianne Dashwood. Elinor représente la raison, Marianne le sentiment. La raison a raison de l'imprudence du sentiment, que la trahison du beau et lâche Willoughby, dernier séducteur du XVIIIè siècle, rendra raisonnable à la fin. Mais que Marianne est belle quand elle tombe dans les collines, un jour de pluie et de vent.

c'est un pur bonheur que de retrouver l'écriture toute en finesse de Jane Austen.
Mais tout d'abord, je dois dire que je n'ai pas été autant charmé que pour O&P. J'ai beaucoup aimé mais les soeurs Dashwood n'ont pas le même caractère qu'Elizabeth Bennet. C'est plus en retenue, plus calme.
Du côté des personnages, ma préférée des soeurs Dashwood a été Elinor, qui sait toujours raison garder, qui réfléchis avant de dire ou de faire quoi que ce soit. Elle fait passer le bonheur des autres avant le sien et cache ses sentiments pour ne pas peiner ceux qui l'entourent.
Tout le contraire de Marianne, survoltée, exaltée, n'ayant pas sa langue dans sa poche, disant tout haut ce qu'elle a à dire. Je dois le dire, quelquefois, j'ai trouvé Marianne insupportable. Elle ne réfléchit pas et se voit déjà marié avec Willoughby (tout comme sa mère et les autres),séducteur qui ne fera que jouer avec ses sentiments alors que le colonel Brandon, amoureux transi de Marianne,regarde cette nouvelle idylle en silence. Et seule Elinor se rendra compte des sentiments de ce colonel, âgé de 35 ans (donc trop "vieux" pour Marianne qui n'en a que dix sept).

Je dois dire que j'ai été surpris par ce choix de personnage, car Willouhgby, n'est pas Darcy (loin de là). J'ai préféré les personnages d'Edward Ferrars (tout au long de ma lecture, je n'ai pas cessé de penser au Edward de "Twillight", ce qui m'a horripilé et horrifié (Moi qui n'aime pas ce personnage que je trouve pâlot dans "Fascination" de Meyer. Mais fermons cette parenthèse)) et du colonel Brandon, de vrais gentlemen, posés, discrets, serviables. Et je comprend tout à fait qu'Elinor soit tombé sous le charme d'Edward.

Jane Austen dépeint les femmes parfois sous un mauvais jours, calculatrice, comme lucy, qui préfèrera la fortune à l'amour véritable en choisissant le fat Robert plutôt que le tendre et discret Edward; froide et sans coeur comme Mrs Dashwood, la femme de John, le demi frère d'Elinor et Marianne, qui manipule ce dernier pour faire ses quatre volontés, ou Mrs Ferrars, froide également et qui n'hésite pas à déshérité son fils parce qu'il ne lui obéit pas. (Comme on dit telle mère, telle fille).

Nous sommes parfois dans du vaudeville, avec tous ces quiproquos: ces gestes et paroles entendus et déformés qui font croire à des choses qui ne sont pas vrais, comme la conversation du colonel Brandon et Elinor que Mrs Jennings (l'un de mes personnages favoris également et que j'apprécie pour la joie et l'humour qu'elle dégage) surprend de loin, n'en entendant que des bribes et qui ne comprend pas l'attitude du colonel face à Elinor, croyant que ces deux là parlent d'engagement alors qu'ils parlent de tout autre chose. Cette scène est presque une scène de théatre car on la voit des deux points de vue. Celui de Mrs Jennings qui se méprend du caractère nouveau qu'elle voit chez son ami le colonel Brandon, puis de ce qui s'est réellement passé entre les deux jeunes gens. Ce qui rend la scène plus compréhensible. Le lecteur est mis dans la confidence et à toutes les cartes en main pour comprendre et analyser toute la situation. Cette scène m'a fait beaucoup sourire. Sacrée Mrs Jennings qui voulut à tout prix marier Elinor avec le colonel Brandon.

Jane Austen nous parle déjà de ces mariages arrangés, nous dépeint la société anglaise dans toute sa beauté mais également ses travers. Et le style d'Austen est très vivant, et pas pompeux pour deux sous. C'est toujours un réel plaisir de plonger dans un de ces romans. Alors certes ce livre ne m'a pas autant fait vibrer qu'O&P mais il se laisse découvrir.


Jane Austen: Raison et sentiments (Sense & sensibility), 10/18, 383 pages (avec notes biographiques/Bibliographiques), 1979

Madame Bovary (Gustave Flaubert)

4e de couverture: Emma, fille de paysan, épouse un officier de santé. Idéaliste et romanesque, elle perd rapidement ses illusions de bonheur face à la grossièreté des petits bourgeois normands. Elle devient la maîtresse d'un gentilhomme du voisinage qui l'abandonne, puis d'un clerc de notaire.

 Je dois vous l'avouer, j'ai eu quelques appréhensions avant de lire ce livre. J'ai toujours eu du mal avec les classiques français (surtout Balzac) et leurs descriptions interminables. Pourtant, tout s'était bien passé avec Maupassant, mais c'était des nouvelles, donc, il ne s'attarde pas trop sur les descriptions.
Mais, j'ai pris le risque d'ouvrir Madame Bovary et j'en ressors surpris et réconforté. Les débuts furent un peu laborieux car peu passionnant (il faut dire que le personnage de Charles est peu passionnant) mais dès qu'arrive cette chère Emma, tout s'emballe et je n'ai pas pu lâcher le livre. J'ai voulu savoir ce qu'il allait arriver à cette femme immorale, il faut bien le dire. Mais tout n'est peut être pas de sa faute. A vouloir être aimé comme dans les romans, elle va se perdre en se compromettant et y laisser sa vie.

Le style de Flaubert est merveilleux car, malgré quelques descriptions, où mon esprit s'envolait ailleurs à leur lecture, j'ai été happé par cette histoire grâce au suspense qu'il a parsemé au fil des pages . Je me suis surpris à tourner les pages pour savoir ce qu'il allait arriver à son héroïne. Pourtant, Flaubert disait que c'était un "roman sur rien" et j'ai lu ça, avec frénésie, pour savoir comment Emma allait se sortir de ses déboires financiers.

Et pourtant, Emma est une femme que j'ai trouvé insupportable dans ses excès de romantisme comme dans les romans qu'elle lisait étant adolescente. Mais la vie, ce n'est pas comme dans les romans et elle en fait l'amère découverte en vivant une vie monotone auprès de son mari, Charles.
Pour sa gouverne, il faut dire que son mari Charles est un personnage pâle, transparent. Je l'ai trouvé idiot à croire que sa femme lui fut fidèle, même en découvrant la lettre de rupture de Rodolphe à Emma. Mais, au final, j'ai pensé qu'il s'était seulement résigné et qu'il ne voulait que le bonheur de sa femme. Il le dit lui même: c'est la faute à la fatalité.
La fin d'Emma est atroce et j'ai souffert en lisant son agonie. Comme si la souffrance était une punition divine pour ses péchés.

En revanche, je n'ai pas trop aimé la fin. Emma n'étant plus là, le roman perd de son intérêt,et j'ai lu la fin sans plaisir. Car, à part Emma, les autres personnages m'ont un peu laissé indifférent.
C'est une lecture que j'ai beaucoup apprécié et je pense que j'aurai moins peur en ouvrant un autre livre de Flaubert, la prochaine fois.

Gustave Flaubert: Madame Bovary, Pocket, 478 pages, 2006 


Les quatre filles du Docteur March (Louisa May Alcott)

4e de couverture: L'Amérique de la guerre de Sécession. Le docteur March rejoint l'armée nordiste, laissant seules sa femme et ses quatre filles, quatre sœurs aux tempéraments et aux passions opposés. Meg est sentimentale, Beth adore la musique, Jo est à la fois garçon manqué et romancière en herbe, quant à la blonde Amy, c'est une vraie coquette. Les querelles ne vont pas manquer. 

Quel bonheur j'ai pris à ouvrir ce livre qui fait parti de mes lectures enfantines. J'ai lu et découvert les aventures des soeurs March à l'âge de 10 ans. Et j'avais été enthousiasmé par ces petites histoires. Je m'étais trouvé des points communs avec Jo. Comme elle, j'aimais la lecture qui me permettait de m'évader, j'adorais inventer des histoires et les mettre sur papier. Je trouvais Amy, un peu égoïste. J'aimais la douceur de Beth, toujours patiente et toujours présente pour les autres. Et je comprenais le rôle de Meg, étant moi même l'ainé de la famille. Et j'aurai bien aimé avoir un ami comme Laurie, le voisin des March.

Et c'est avec un réel bonheur que je me suis replongé dans leurs aventures. C'est comme si je retombais en enfance. Ce voyage dans le passé m'a rendu très heureux. Et j'ai passé des heures merveilleuses à me replonger dans ces intrigues. Et même si je connaissais déjà toute l'histoire, c'est avec bonheur que je l'ai retrouvée. La plume de Louisa May Alcott est merveilleuse. Elle donne tout son charme à cette histoire, devenu un classique de la littérature enfantine. Car, qui n'a jamais lu Les quatre filles du Dr March? (Pour ceux qui n'ont jamais lu ce livre, il n'est pas trop tard)
En refermant le livre, j'ai eu comme un goût d'inachevé. Car l'histoire ne se terminait pas comme dans mes souvenirs. Et c'est bien normal puisqu'il y a une suite à ces "petites femmes". Qu'il faudra que je m'empresse de trouver pour pouvoir continuer l'aventure.


Louisa May Alcott: Les quatre filles du Docteur March (Little women), Folio Junior, 375 pages, 1988

Shutter Island (Dennis Lehane)

4e de couverture: Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island, se dresse un groupe de bâtiments à l'allure sinistre. C'est un hôpital psychiatrique pour assassins. Le Marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule ont été appelés par les autorités de cette prison-hôpital car l'une des patientes, Rachel Solando, manque à l'appel. Comment a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée à clé de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre incohérente d'une malade ou cryptogramme ? Progressivement, les deux policiers s'enfoncent dans un monde de plus en plus opaque et angoissant, jusqu'au choc final de la vérité.

Je viens juste de finir Shutter Island et je suis encore sous le choc. Pendant trois jours, j'ai vécu une aventure hallucinante sur Shutter Island. Ce roman est tout bonnement l'un des meilleurs polars que j'ai lu ces dernières années. Dès qu'on ouvre les premières pages, on ne peux plus le lâcher. A chaque page, une révélation pointe le bout de son nez. A chaque fin de chapitre, je me disais:" c'est pas possible!", et jusqu'au twist final qu'on ne voit même pas venir (et dont je ne vous dirai rien pour vous laisser le suspense). Car c'est ce qui fait le sel du roman: le suspense (et les révélations qui vont avec). C'est pour ça qu'il est très difficile de parler de l'histoire par peur de trop en dire.
Le mieux, c'est de vous laisser partir sur cette île, au risque de ne jamais en revenir. En tout cas, moi, je n'en reviendrai pas tout à fait intact. Je pense que ce livre me marquera pour longtemps. Émotionnellement mais surtout physiquement. Jamais un livre ne m'avait fait autant mal. J'étais tellement tendu que mon dos m'a fait souffrir pendant trois jours. J'avais tellement envie de savoir ce qui allait se passer que je tournai les pages sans m'en rendre compte. Je n'étais plus dans mon salon, je parcourais les couloirs de l'hôpital psychiatrique de Shutter Island à la recherche de la vérité. Et cette vérité, qui nous ai dévoilé à la fin du livre, je ne l'ai même pas deviné. J'ai été scotché. Tellement, qu'à la dernière révélation, j'en ai lâché le livre (et perdu ma page!).
C'est le premier livre de Dennis Lehane que je lis et je dois dire que j'en suis soufflé tellement ce livre est magistral. Je savais de quoi était capable l'auteur puisque j'avais vu les films Mystic River (de Clint Eastwood), et Gone, baby gone (de Ben Affleck) qui m'avaient totalement bluffé.


Shutter Island a été adapté au cinéma par Martin Scorcese avec Leonardo Di Caprio et Mark Ruffallo. sorti le 24 février 2010.
Je vous donnerai seulement un conseil: lisez le livre avant de voir le film. Car une fois le film vu (et donc le twist final révélé), tout le charme mystérieux et l'effet de surprise risque d'être gâché et le plaisir de la lecture risque d'en être altéré.
Mais, n'hésitez pas à le lire, au risque de devenir addict.Rappelez vous seulement, qu'en prenant le ferry pour Shutter Island, vous prenez le risque de ne jamais quitter l'île. 


Dennis Lehane: Shutter Island (Shutter Island), Rivages/Noir, 393 pages, 2003

Le Fantôme de Canterville et autres contes (Oscar Wilde)

4e de couverture: Une famille américaine achète un château hanté. Bruits de chaînes et taches de sang terrorisent la région depuis des siècles...
Mais que peut un pauvre fantôme contre le bon sens d'un homme d'affaires, les détachants super-actifs de sa femme et la malice des enfants, toujours prêts à lui jouer des tours ?


Encore une fois, je suis surpris par un livre car je ne m'attendais pas à lire des contes aussi drôles. C'est vrai, quand on me parle de fantôme, et de crime, je pense que je vais avoir peur et frissonner. Eh bien ce ne fut pas le cas ici. Oscar Wilde arrive à nous raconter une histoire de fantôme avec un humour délicieux.
Le fantôme de Canterville: est la storie que j'ai le plus aimé. L'histoire de ce pauvre fantôme qui ne peut plus faire son travail car les nouveaux locataires lui font des misères est très drôle. La famille Otis est une famille américaine qui ne croit pas au fantôme. Pire, il lui gâche son travail: le fils ainé en nettoyant la tache de sang de sa défunte femme assassinée avec un détachant; le père, ministre de son état, en donnant au fantôme un lubrifiant pour huiler ses chaînes. Et les jumeaux n'arrêtent pas de lui jouer des tours pendables. Seule, la fille Virginia saura comprendre le désarroi du fantôme et l'emmènera vers sa demeure éternelle.
C'est une histoire drôle qui devient touchante à la fin et qui se terminera par un mariage. (D'ailleurs, trois des quatre nouvelles se termine ainsi). Mais elle détourne également les codes des histoires gothiques qui ont fleuron depuis Le Fanu et consort, en faisant du fantôme, un être "vivant" et le héros de l'histoire, et surtout la victime de cette famille américaine (dont Oscar Wilde donne une image peu glorieuse, car il n'aimait pas les américains.)
Le crime de Lord Arthur Saville est une storie que j'ai également aimé et qui m'a faire sourire grâce à la situation. A cause d'un chiromancien qui lui prédit un destin d'assassin, le jeune Lord Arthur Saville va se croire obligé de tuer, et ainsi d'accomplir cette destinée, avant son mariage avec la jeune Sybil Merton. Il va intenter de tuer une grand tante par le poison, mais cela échoue, puis de vouloir faire exploser un oncle à l'aide d'une pendule. Toute ses tentatives échouent et il pense qu'il ne pourra jamais épouser Sybil quand... vous ne croyez tout de même pas que je vais tout vous dire quand même.
Le Millionnaire modèle est une fantaisie, que j'ai apprécié, même si j'avais deviné l'ensemble de la situation.
En revanche, Le Sphinx sans secret m'a littéralement laissé indifférent. Je n'ai pas plus aimé que ça.

Mais bon trois sur quatre, c'est déjà bien. Mais surtout ce que je retiens c'est la plume de Wilde, savoureuse et agréable à lire. C'est encore une belle découverte de la littérature classique et je pense que je continuerai à découvrir le charme subversif de cet auteur. 


Oscar Wilde: Le fantôme de Canterville et autres contes (The Canterville ghost & another stories), Le Livre de poche, 180 pages (avec les commentaires), 1979

Blonde (Joyce Carol Oates)

Résumé: :Elle a suscité l'adoration de millions de gens et sa vie a fasciné des générations de «fans» et d'acteurs. Disséquée depuis plus de trente ans, l'histoire de Norma Jeane Baker, plus connue sous le nom de Marilyn Monroe, n'a pourtant jamais été appréhendée aussi intimement que dans «Blonde» un récit à couper littéralement le souffle. Dans cette autobiographie fictive plus vraie que nature, Joyce Carol Oates recrée la vie intérieure, poétique et spirituelle de Norma Jeane - l'enfant, la femme, la célébrité vouée au malheur- et la raconte avec la voix de Norma Jeane: saisissante, chaude, ample et bouleversante. Un portrait intime, implacable. Derrière les portraits surprenants et souvent dérangeants, des hommes qui jalonnèrent la vie de Norma Jeane: l'Ex-Athlète, l'Auteur Dramatique, le Président, le Prince Noir, se dessine une course éperdue vers ce que la plus belle femme du monde tenta en vain de trouver: l'amour. (Source: Amazon)

Après deux semaines de lecture intense de cette vie, je peux dire que j'en sors essoufflé, groggy, presque épuisé tant les émotions sont intenses.
Depuis quelques années, je suis fasciné par le mythe de Marilyn, j'ai même la photo mythique du film "Sept ans de reflexion" (celle de la robe se soulevant sous la bouche de métro) accroché dans mon couloir d'entrée. Marilyn me fascine par son mystère. Et quand j'ai acheté le livre de Joyce Carol Oates, j'espérais en apprendre plus sur Marilyn.Mais c'est Norma qui est dévoilé ici.
L'auteur a su s'emparer du mythe Marilyn en le façonnant comme un de ses personnages pour faire apparaitre sa Norma. (C'est ce que j'admire chez les auteurs étrangers: ils n'ont pas peur de s'emparer d'un mythe ou d'un personnage historique pour donner leur propre vision du personnage: comme l'a fait Colum McCann avec Danseur.) L'auteur raconte certains évènements de la vie de Marilyn sans les changer. Mais elle les raconte de l'intérieur en nous livrant les pensées de Norma Jeane: sauf que c'est la vision de l'auteur qui nous ai raconté. D'ailleurs, le lecteur est prévenu dès le départ: Blonde est une œuvre de fiction. Ce n'est pas la vérité vraie. Elle donne une vision de la vie de Marilyn.

Et quelle vie! Une vie faite de malheur jusqu'au bout.

Je ne sais pas quoi penser de ce roman fleuve. Avant tout, j'ai respiré un bon coup avant de me plonger dans sa lecture. Je suis entré dans le livre à tâtons, ne comprenant pas bien au départ ce que l'auteur voulait nous raconter. Cela partait dans tous les sens. Je n'y comprenais rien. Mais je me suis accroché et je suis entré dans ce livre après une centaine de pages. Mais c'est une lecture éprouvante. L'histoire est racontée de manière, crue, parfois violente (notamment la scène des toilettes où une fille du personnel du restaurant tend une serviette remplit de sang, avec les restes d'un fœtus à Norma, juste après que cette dernière ait subi un avortement. Où alors, la scène de la fellation forcée à Kennedy.)
Pour tout dire, j'ai même eu envie d'arrêter ma lecture un moment pour pouvoir recommencer à respirer. C'est un livre qui m'a asphixié: j'avais l'impression de manquer d'air. Mais je me suis accroché et j'ai bien fait. Car malgré sa dureté, sa longueur, c'est un très beau livre sur Norma Jeane Baker, qui nous dépeint le monde impitoyable qu'est Hollywood et qui a broyé Marilyn jusqu'au point de non retour.
Pourtant, elle voulait juste aimer et être aimé en retour. Et même ça, elle ne l'a pas eu.

En tournant la dernière page du livre, je suis remonté à la surface de ce roman fleuve et j'ai laissé glisser une larme sur ma joue, un peu triste de la laisser partir.

Joyce Carol Oates: Blonde (Blonde), Le livre de poche, 1110 pages, 2000

Rebecca (Daphné du Maurier)

4e de couverture: Une longue allée serpente entre des arbres centenaires, la brume s'accroche aux branches et,tout au bout, niché entre la mer et les bois sombres, un château splendide: Manderley, le triomphe de Rebecca, la première Mme de Winter, belle, troublante, admirée de tous.
Un an après sa mort, le charme noir de Rebecca tient encore en son pouvoir le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse de Maxim de Winter, jeune et timide, pourra-t-elle échapper à cette ombre inquiétante, à son souvenir obsédant qui menacent jour après jour de plonger Manderley dans les ténèbres.


Je me suis plongé avec délice dans le roman de Daphné du Maurier et le premier mot qui me vient à l'esprit est: surprise. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Je pensais connaitre l'histoire et je suis passé complètement à côté. Point de fantastique dans ce roman, pas de fantôme a proprement parler.
Certes, Rebecca habite les murs de Manderley de sa présence, ce qui met mal à l'aise la nouvelle Mme de Winter (qui ne sera jamais nommée), ainsi que le lecteur qui se met à sa place. Mais Rebecca ne se matérialise pas.

Dès les premières lignes, on est plongé en plein mystère.
Au début, j'ai eu du mal à entrer dans le roman, me demandant où il voulait m'emmener. Les passages à Monte Carlo m'ont semblé saugrenu après ce premier chapitre qui nous faisait ouvrir les portes de Manderley.
Je pense que mes difficultés avec ces passages "français" peuvent s'expliquer par le fait que j'étais envouté par Manderley. La première phrase "J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley" est devenue mythique et démontre bien qu'un bon roman se joue sur la première phrase car c'est elle qui accrochera le lecteur ou non. Eh bien, cette phrase mystérieuse m'a tellement accrochée qu'elle m'a fait un peu peur. J'ai même cru que c'était Rebecca qui parlait à ce moment là. Mais je me trompais. C'était la jeune épouse de Maxim de Winter.

Rebeca, qui n'est plus mais qui est pourtant omniprésente à chaque page, jusqu'à envahir les pensées de la nouvelle femme de Maxim qui se demande si elle fait bien ce qu'il faut à Manderley. Rebecca manipulait tout le monde pour cacher sa vraie nature. Elle n'était faite que de mystères. Et tous les personnages la vénérait. Surtout Mrs Danvers, que j'ai détesté une bonne partie du roman, qui me fit trembler d'effroi lors de la scène culte du bal où la jeune Mme de Winter eu le malheur de porter le même costume que Rebecca lors de son dernier bal et qui comprendra que Danny Danvers lui a jouer un mauvais tour en voyant son sourire sadique. Brrr, j'en tremble encore. Mais j'ai plaint cette pauvre folle quand elle apprendra la cruelle vérité qu'elle ne supportera pas. Bon,ce n'est pas clairement dit dans le roman, j'extrapole. Mais j'aime bien me demander ce que vont devenir les personnages, la dernière page tournée.

J'ai beaucoup aimé ce roman surprenant. J'allais de surprise en surprise et j'aime qu'un livre me surprenne. Et je n'avais qu'une hâte: savoir comment cela se terminerait. Et je n'ai pas été déçu. Le final est plein de mystère comme Rebecca, qui n'a jamais cessé de hanter les murs de Manderley. Comme quoi, je n'avais pas tout à fait tort quand je parlais d'une histoire de fantôme.

Si vous voulez une histoire pleine de mystères, qui vous surprenne de chapitre en chapitre, je vous conseille vivement de pousser les grilles de Manderley et de faire la connaissance de la mystérieuse Rebecca.


Daphné du Maurier: Rebecca, (Rebecca), France Loisirs, 506 pages, 1939

mardi 16 octobre 2012

Un Chant de Noël (Charles Dickens)

Résumé: L'histoire de Scrooge, vieil avare grincheux et solitaire que trois fantômes vont convertir, la nuit de Noël, à la gentillesse et à la bonne humeur.

 Comment parler d'un conte qui est devenu une institution. Une tradition, même. Ce Chant de Noël est devenu un classique de la littérature. Scrooge: le nom de ce personnage, est même entré dans le langage courant. "SCROOGE: n. Fam.. Qui déteste dépenser son argent" ou encore "Allusion qui désigne une personne avare, rabat joie" (définition donné dans l'introduction du livre).

Même le cinéma et la télévision a adaptée cette histoire de différentes manières: Disney, avec Le Noël de Mickey où plus récemment Le drôle de Noël de Scrooge" avec Jim Carrey.
Beaucoup de séries des années 80 ou 90 avaient un épisode de Noël calquée sur le conte de Dickens comme Code Quantum par exemple.

Je dois dire que j'ai beaucoup aimé ce chant, et ce, malgré le fait que je le connaissais pour l'avoir vu. Ou plutôt, je croyais la connaitre car chaque adaptation s'approprie l'histoire de Scrooge pour la façonner aux personnages des films ou de série.
Pour moi qui n'avait pas lu de Dickens, à part une version enfantine d'Oliver Twist en bibliothèque verte, qui ne m'avait pas plu, j'ai été charmé par ce chant. L'écriture de Dickens est magnifique. Le texte n'est pas noyé sous des descriptions à n'en plus finir. Il y a juste ce qu'il faut pour planter le décor et se croire à Londres au XIXe siècle.
Je trouverai un seul défaut à ce livre, c'est le changement comportemental de Scrooge que je trouve un peu trop rapide. En une seule nuit, il devient un homme bon qui a envie de faire le bien autour de lui. Mais cela passe quand même car je n'oublie pas que c'est un conte pour enfants principalement. Un conte lu les soirs de veillées de Noël...Petit aparté: je trouve dommage que cette tradition se soit perdue. On n'écoute plus d'histoires que nous racontaient les anciens au coin du feu. C'était magique...

Encore une fois, un classique anglais m'a emporté vers un monde enchanteur et merveilleux. Et je suis très heureux d'avoir combattu cette frilosité que j'avais par rapport au genre classiques, qui m'ennuyait étant enfant.

 Charles Dickens: Un chant de Noël (A Christmas Carol), Le Livre de Poche,184 pages, 2009

A l'Hôtel Bertram (Agatha Christie)

Résumé: L'hôtel Bertram est plus vrai que nature, avec ses muffins, son thé, son personnel stylé et ses clients respectables. Et Miss Marple se réjouit d'y passer une semaine. Et pourtant, des choses troublantes se passent qui étonnent cette chère Miss Marple.

En ces périodes de froid, c'est toujours un plaisir de retrouver les romans de Lady Agatha, enroulé dans une couverture, avec un thé au citron près du fauteuil. Et c'est un bonheur, toujours renouvelé, de se plonger dans ses mystères. En plus, retrouver Miss Marple est une joie car des deux détectives de Agatha Christie (Poirot étant le 2e), cette chère Miss Marple est ma préférée.
Mais, car il y a un mais, si j'ai aimé cette histoire, elle ne m'a pas plus emballée que ça. J'ai trouvé le mystère un peu complexe et surtout le meurtre n'arrive que dans les cinquante dernières pages. On a avant cela, toute la mise en place de plein de personnages qui fait que je m'y suis un peu perdu.
Et surtout, Miss Marple n'est pas assez présente à mon goût.
Alors, oui, c'est plaisant, et on retrouve le charme des romans d'Agatha Christie. Mais cet Hôtel Bertram n'est pas mon préféré. De plus, j'ai été frustré par cette fin ouverte, très inhabituel chez la reine du crime.
J'ai lu une cinquantaine de ses romans et j'ai remarqué que les livres écrit après 1945, sont moins bons que ses premiers romans. A croire que la source commençait à se tarir.
Mais je ne bouderai jamais mon plaisir de retrouver la reine du crime. Car même ses romans les moins bons sont des petits moments de plaisirs coupables.

Agatha Christie: A l'hôtel Bertram (At Bertram's hotel), Hachette collections, 318 pages, 2006 



Dracula (Bram Stoker)

4e de couverture: Répondant à l'invitation du comte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les portes de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur. Jonathan Harker doit se rendre à l'évidence: il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres. 

Le roman de Bram Stoker nous tient en haleine jusqu'au bout. Et les styles employés (épistolaire et journaux intimes) installent une ambiance intimiste et oppressantes qui va crescendo.
Ce procédé littéraire employé par l'auteur m'a donné à réfléchir sur le choix du titre. Bram Stoker nous raconte l'histoire de Dracula par l'intermédiaire d'autres personnages comme Jonathan Harker; Mina, sa femme; Lucy, la première victime du comte à Londres; le Dr Seward et bien d'autres, sans pourtant lui donner une importance physique car il apparait peu dans le roman en définitive. Cela m'a un peu surpris.
En revanche, ce choix stylistique ne sied pas au dernier tiers du roman. Autant, pour mettre un décor en place, introduire des personnages et installer une ambiance, le style épistolaire est parfait, autant ce style casse l'action du roman quand les protagonistes partent à la poursuite du comte. J'ai trouvé ça lent, répétitif (car chaque personnages racontent la même chose en redisant ce qu'on a lu la page précédente) et j'ai été frustré par cette lenteur alors que je pensais être dans une frénésie latente, me demandant ce qui allait se passer à la page suivante. J'ai été un peu déçu par la fin. La lenteur de l'action fait que le dénouement est arrivé trop vite et je me suis dis

SPOILER: NE PAS LIRE CE QUI SUIT SI VOUS N'AVEZ PAS LU LE ROMAN ET QUE VOUS EN AVEZ L'INTENTION)...... Comment un vampire aussi puissant que Dracula peut il se faire avoir aussi facilement alors qu'on le décrivait comme indestructible. C'est comme si on m'avait menti sur la marchandise achetée.
FIN DU SPOILER

Malgré cette fin qui n'a pas séduit mes attentes, elle n'a en rien gâchée les moments de lecture que j'ai passé à lire Dracula. Et le livre est facile à lire. Comme quoi un bon classique peut nous faire passer un bon moment. 


Bram Stoker: Dracula (Dracula), Pocket, 573 pages (avec annexes), 1979 (pour la traduction); 1992 (pour la présentation et le dossier)

Les Contes de la Bécasse (Guy de Maupassant)

4e de couverture: Chez le baron des Ravots, existait une coutume appelée le "conte de la Bécasse". Chaque convive, à la fin du banquet, après avoir dégusté une bécasse, racontait une histoire...

Je voudrais commencer ce billet par un constat (de mon point de vue. Je ne veux pas généraliser): l'étude des "classiques" à l'école comme Balzac, Zola, Stendhal, Maupassant, Hugo... pour ne citer qu'eux mais la liste est encore longue, ne nous aide pas à les apprécier. On aurait plutôt tendance à les fuir. Du moins, c'est ce qui s'est passé avec moi et il m'a fallu 15 ans pour me plonger, de mon plein gré, dans la lecture délicieuse de Maupassant. Mais tout ça ne serai surement jamais arrivé si France 2 n'était pas passé par là avec la collection Maupassant. Comme quoi la télé n'a pas que des mauvais côtés.
En effet, c'est en voyant La collection Maupassant et Au siècle de Maupassant(dédiée à d'autres auteurs comme Balzac, Barbey d'Aurevilly, Zola, Daudet, Hugo...) que ma curiosité à été piquée. De Maupassant, je n'avais lu qu'une nouvelle étudiée en classe de 1ere,: Une partie de campagne, qui m'avait laissé de marbre. mais en voyant les adaptations faites par l'équipe de Gérard Jourd'hui, je n'ai pas hésité à aller acheter deux recueils de nouvelles dont ces Contes de la bécasse.

Et alors me direz vous. Qu'en pensez? C'est un délice: ces nouvelles tantôt drôles (Les sabots qui m'a fait pleurer de rire devant l'ignorance d'Adélaïde), mais souvent cruelles (La folle, Saint Antoine (d'où l'on passe du rire à un effroi devant la cruauté d'Antoine), Aux Champs (celle qui m'a fait me poser des questions comme devant son adaptation magnifique sur France 2). On prend d'abord le parti de la mère Tuvache, se disant qu'elle a bien fait de ne pas vendre son enfant, on trouve les voisins sans cœur et seulement appâtés par l'argent. Mais le twist final nous démontre que les voisins n'ont peut être pas eu tort. C'est troublant ce que je dis. Mais c'est ce que pense l'enfant de la mère Tuvache qui lui reproche d'avoir gâché sa vie car il ne peux pas épouser celle qu'il aime car ils sont de deux mondes différents. Qu'auriez vous fait à la place de la mère Tuvache?)

Maupassant est aussi un maître dans l'art de la nouvelle. En peu de mots, il sait décrire un paysage, un personnage. Une situation est vite mise en place chez Maupassant mais sans négligence. Rien n'est oublié. C'est ce qui fait de lui l'un des meilleurs nouvellistes français. Et je prend un tel plaisir à le lire que je n'ai pas hésiter un instant à m'offrir l'intégrale des contes et nouvelles paru chez Omnibus.

Je voudrais finir en parlant de la nouvelle qui m'a le plus touché, car elle est pour moi, l'une des plus belles histoires d'amour que j'ai lu: La Rempailleuse. Cette femme n'a aimé qu'un seul homme dans toute sa vie, un petit bourgeois, fils de pharmacien, à qui elle donnait son argent durement gagné afin qu'il s'intéresse à elle. Et durant toute sa vie, elle s'est languie d'amour pour lui. Si bien qu'à sa mort, elle légua à ce pharmacien toute sa fortune. D'abord dégouté d'être aimé par une gueuse, il colère, ainsi que sa femme. Mais ça ne les empêche pas de prendre l'héritage.
J'ai eu honte devant le comportement de cet homme. Pourtant ça ne devrait pas me surprendre, les hommes sont souvent comme ça. Alors que les femmes... Mais Maupassant le dit mieux que moi, par l'intermédiaire de la marquise de Bertans:

Décidément, il n'y a que les femmes pour savoir aimer!

Que dire de plus.



Guy de Maupassant: Contes de la Bécasse, Folio, 210 pages, 1979

Orgueil et préjugés (Jane Austen)

Résumé: Elizabeth Bennet, qui n'est pas riche, aimera t-elle lez riche et orgueilleux Darcy? Si oui, en sera t-elle aimée? Si oui encore, l'épousera t-elle?

Avec ce livre, je continue mon voyage dans les classiques anglais. Et encore une fois, c'est un ravissement. L'histoire que raconte Jane Austen dans O&P est tout ce que j'aime.
Le romantisme est dans chaque page. Mais Jane Austen ne s'arrête pas à ça: elle dépeint également cette bourgeoisie campagnarde qu'elle n'épargne pas. Elle en fait un portrait juste et très caustique.

Dans ce livre,tout est une question d'apparence, de convenances, avec cette pointe de ragots propres aux petites villes et aux villages. Tout est une question de préjugés. Et Elizabeth n'en manque pas à l'égard de Darcy qu'elle trouve orgueilleux et hautain (alors qu'il n'est qu'un homme réservé. Et c'est cette réserve qui lui donne cet air supérieur). L'histoire est vu à travers les yeux d'Elizabeth. De cette manière, les lecteurs (et les lectrices, je ne vous oublie pas mesdames) se rangent à son côté et à celui de tout le monde. Elle prend Wickam pour un gentleman, alors qu'il s'avèrera être tout le contraire à la lumière d'évènements révélé à Elizabeth par Darcy. Ce même Darcy, qu'elle trouve arrogant et qui ne mérite pas même un regard de sa part.
Et c'est une lettre de Darcy qui va tout changer (surtout le regard d'Elizabeth (ainsi que le mien), en lui avouant qui est vraiment Wickham et ce qu'il a fait subir à sa famille. Lettre que Darcy écrira après avoir reçu un refus catégorique à sa demande en mariage.

Ah, chère Elzabeth.Ce que j'ai pu vous aimer. J'ai aimé votre liberté de ton et votre indépendance d'esprit.
Et que dire de Darcy. Je comprend mieux maintenant pourquoi il a tant d'admiratrices parmi vous mesdames et mesdemoiselles. Qui ne voudrait pas d'un gentleman comme lui. Ce cher Darçy que je vois cité dans beaucoup d'autres romans (tel Bridget Jones qui s'inspire beaucoup d'Orgueil et Préjugés, jusqu'à donner le même nom à Mark, dont Bridget va tomber amoureuse)
Jamais un livre ne m'avait fait autant réagir. J'arrêtais ma lecture pour lancer des réflexions plus ou moins charmantes ou odieuses, en traitant Miss Bingley de pimbêche ou Wickham de salaud! . Mrs Bennet me faisait lever les yeux au ciel par sa bêtise et je ne vous parle pas de ses filles qui sont agaçantes au possible. il n'y avait qu'Elizabeth et Jane qui trouvaient grâce à mes yeux.

J'ai adoré cette découverte anglaise. Jane Austen est une auteur magnifique et je suis heureux de voir qu'elle a retrouvé ces lettres de noblesse grâce à la blogosphère littéraire et à internet (Merci à vous mesdames! Car il faut bien le dire: ce sont en majorité les femmes qui lisent Jane Austen). C'est mérité.

Je n'aurai qu'un seul regret à formuler. Je l'ai lu trop vite. Et j'ai eu du mal à quitter Elizabeth et Darcy. Mais je sais que je les retrouverai bientôt pour une relecture ou un énième visionnage d'une adaptation. Ça me réconforte.

En conclusion, je dirai ceci: si on ne va pas au delà des apparences, on risque de passer à côté de son âme soeur.


Jane Austen: Orgueil et préjugés (Pride & préjudice), 10/18,369 pages, 1979

Des Souris et des Hommes (John Steinbeck)

Résumé: Deux hommes, George et Lennie, marchent vers le ranch où ils vont travailler pour gagner un peu de pèze. L'un est petit, hable et travailleur, l'autre est grand, massif avec un mental enfantin. George prend soin de Lennie et tout se passe bien jusqu'à ce qu'une femme fasse tout basculer.

Avec seulement six chapitres, John Steinbeck a mis en place la tragédie qui s'est jouée devant moi. Ce roman est écrit comme une pièce de théâtre. L'auteur plante d'abord le décor par une description du lieu de l'action (Salinas en Californie) avant de laisser la place aux dialogues percutants des personnages. Grâce aux phrasés et aux intonations de ces hommes et de ces femmes, bien retranscrit par Steinbeck dans le roman, j'ai entendu leurs voix. Et je n'ai pas eu besoin d'imaginer la scène, je l'ai vu se matérialiser devant mes yeux comme si j'assistais à une représentation théâtrale.

L'intrigue ne se passe que le temps d'un week-end. Mais ces deux jours sont foisonnants et remplis de tellement d'évènements que je suis sorti de ce livre un peu sonné. En peu de temps, John Steinbeck fait monter crescendo, le drame qui se profile par petite touche jusqu'à la tragédie du dernier acte.
L'auteur m'a fait rêver également, même si j'ai su à l'avance que les rêves de George et Lennie ne se réaliseraient jamais. Ces petites parenthèses de rêves font du bien et apaisent le climat oppressant qui se dédage du ranch et de ses habitants. Lennie le dit à George. Il ne veut pas rester au ranch, il ne s'y sent pas bien. Et l'attitude de Curley envers lui n'arrangera pas les choses.

Même si j'en connaissais la fin pour avoir vu le film il y a quelques années, j'ai eu ma petite larme au coin de l'œil en la lisant. Et pourtant je pleure rarement en lisant un livre.
Je ne vais pas raconter la fin du livre (pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu et qui voudraient le découvrir) mais je voudrais seulement ajouter que, malgré la tragédie, j'ai trouvé le dernier chapitre onirique et plein de poésie.

Il y avait longtemps que je voulais découvrir John Steinbeck que je ne connaissais que de nom. Je me suis dis qu'un petit livre comme celui ci pouvait être un bon commencement pour entrer dans son univers.Et je trouve que j'ai fait le bon choix car je n'ai pas été déçu et je compte bien renouveler l'expérience avec un autre de ses livres. 


John Steinbeck: Des souris et des hommes (Of mice and men), folio, 175 pages, 1955

Le Pain Noir (Georges-Emmanuel Clancier)

4e de couverture: Dans les années 1870, les Charron, modestes métayers du Limousin, s'épuisent au labeur. Pourtant, le bonheur est bien là pour ce couple et ses six enfants qui, soudés par l'amour familial, affrontent courageusement les difficultés. Jusqu'au jour où le refus du père à produire un faux témoignage provoque, pour Catherine et les siens, une longue suite de malheur, misères et souffrances. Devenue servante à l'âge de huit ans, la petite fille devra affronter l'injustice, la maladie, la faim. mais bientôt, c'est l'univers fascinant de la belle Emilienne, riche héritière d'une famille propriétaire d'une usine de porcelaine, que Catherine va découvrir.

Un Coup de coeur! Ou plutôt un coup au coeur.  Jamais un livre ne m'avait autant bouleversé. Catherine est devenue plus qu'un personnage pour moi. Elle m'a touché avec ses interrogations, son imagination, son envie d'apprendre à lire (ce qu'elle fera à plus de 40 ans grâce à son petit fils Pierre, tenace et patient).
La vie de Catherine est rempli d'amour malgré le manque à gagner. l'auteur nous parle d'un temps lointain pour nous (la fin du XIXe siècle) et pourtant si proche. Catherine découvrira le nouveau siècle, la première guerre mais également la Deuxième.
Tous les personnages de ce roman ont une joie de vivre malgré les temps incertains qu'ils traversent. J'ai aimé tous ces personnages sauf un que j'ai détesté par dessus tout: Frédéric, le fils de Catherine qui a rempli sa vie de mépris. Il en a toujours voulu à sa mère de l'avoir fait vivre dans un monde pauvre. Il voulait être riche (tout comme son père, le frère d'Emilienne qui n'a jamais su qui était Frédéric pour lui.) Alors Frédéric a réussi sa vie mais n'a jamais voulu tisser un lien fort avec sa mère. Si bien que Frédéric devenu adulte et Catherine vieille, ils n'avaient rien à se dire.
Pour tout dire, j'ai pleuré quelquefois en lisant le livre, partageant la peine de Catherine quand elle perd sa mère où quand elle se pose cette question: qui viendra rendre visite à ces disparus au cimetière quand elle ne sera plus là?
Plus le temps passait, plus j'arrivais au terme du livre (et de la vie de Catherine), plus je repoussais ce moment car je n'avais pas envie de la quitter. Avec des mots simples, Georges Emmanuel Clancier (le Pierre du livre) à su retranscrire les joies, les douleurs, les pensées de cette grand-mère qu'il a aimé et a qui il a appris à lire. C'est tout un passé paysan aujourd'hui disparu que l'auteur a fait renaitre.

La vie de Catherine est tellement riche qu'il a fallu 4 tomes pour la retranscrire. Et ce que j'ai trouvé magnifique c'est que la 1ere phrase du 1er tome: "Le pain Noir" correspond à la phrase finale du 4e tome:"la dernière saison" (car l'auteur à toujours comparé ses quatre livres comme les quatre saisons d'une vie). Et c'est là que l'expression, "la boucle est bouclée" prend tout son sens.
Et cette phrase la voici: La petite regardait les coeurs de lumière percés dans les volets massifs.
Au revoir Catherine. Vous serez toujours dans mon cœur.


Georges Emmanuel Clancier: Le pain noir, Éditions France Loisirs, 1136 pages, 2009.