Résumé: Brenda Martin habite Gannon, la ville
blanche qui jouxte les tours de Dempsy, une cité à majorité noire de la
grande banlieue new©yorkaise. Par une lourde soirée de juin, la jeune
femme échoue, hagarde, les mains en sang, à l'hôpital de Dempsy. Elle
déclare à la police qu'elle rentrait chez elle en voiture lorsqu'elle a
été arrêtée par un Noir, qui l'a éjectée de son véhicule, au volant
duquel il s'est enfui. Avec, sur le siège arrière, Cody, quatre ans, le
fils de Brenda. C'est Lorenzo Council, un inspecteur asthmatique,
patriarche de cette communauté noire au sein de laquelle il est né, qui
recueille sa déposition. Très vite, il y relève un certain nombre de
contradictions. Avec son passé de toxicomane et de déséquilibrée, Brenda
dit elle la vérité ? A la suite de ce tragique événement, les policiers
de la ville blanche bouclent la ville noire, la presse s'empare de
l'affaire et la tension monte. Entre Gannon et Dempsy, le contentieux
est déjà lourd, et Lorenzo Council sait que l'explosion est imminente.
Prêt à tout, il se résout à faire appel à Jesse Haus, une jeune
journaliste blanche ambitieuse, mais née elle aussi dans un quartier
défavorisé. Comme Lorenzo, Jesse soupçonne Brenda de ne pas avoir tout
dit. Flairant le scoop, elle tente de gagner la confiance de la jeune
mère. Mais la vérité ne peut être simple car le personnage de Brenda est
complexe. Son histoire se tisse peu à peu. Une histoire qui ne s'écrit
ni en noir ni en blanc...
Ville noire, ville blanche est un
polar atypique. Avec un style sec, nerveux et des dialogues taillé au
couteau - on ressent d'ailleurs, la patte du scénariste de La couleur de l'argent -
, Richard Price nous raconte l'histoire d'une Amérique fait de clivage
entre les noirs et les blancs, avec comme décor, la banlieue new
yorkaise qu'il connait bien.
Toutes les tensions que l'on
ressent dans le livre, exacerbées au possible ne sont le fait que d'une
personne: Brenda. C'est par elle que le conflit, blancs-noirs va faire
peu à peu exploser la ville. En affirmant qu'un noir lui a volé sa
voiture dans laquelle se trouvait son fils de 4 ans Cody, elle va mettre
les flics sous pressions et la ville de Dempsy va se retrouver bloquée.
Les noirs n'ont plus le droit de sortir de leur "cité", faisant de leur
quartier un ghetto.
Trois personnages vont se détacher du lot des nombreux personnages qui "habitent" ce roman:
Brenda, la victime qui va se dévoiler progressivement jusqu'à la
terrible vérité. C'est un être fragile qui ne se rendra pas compte du
tort qu'elle va faire aux habitants des quartiers de Dempsy et de
Gannon.
Lorenzo Council, flic noir, surnommé par tous les gens du
quartier black: Big Daddy, nous montre un être torturé par sa vie
chaotique: séparé de sa femme, un fils en prison, mais ayant toujours à
coeur de bien faire son métier et de venir en aide aux victimes qui en
ont besoin: il va mener les recherches du gamin et s'occuper de Brenda,
malgré qu'il sent qu'elle lui cache quelque chose.
Jesse Haus,
journaliste, n'ayant que son boulot en tête. en clair, il est toute sa
vie et elle ferait tout pour un scoop. C'est comme ça qu'elle va croiser
la route de Brenda et faire amie amie avec elle pour ce fameux scoop.
Sauf que ce qu'elle va découvrir va tout remettre en question.
Ce
qui rend ce polar atypique que j'ai beaucoup aimé -mais qui m'a aussi
beaucoup frustré à chaque fois que je devais poser le livre à contre
coeur car d'autres activités,- professionnelles le plus souvent- me
rappelaient à l'ordre-, c'est que l'enquête criminelle n'est qu'un
prétexte- d'ailleurs on aura le fin mot de l'histoire 200 pages avant la
fin.
L'enquête n'est là que pour nous montrer le racisme présent à
chaque instant: Les blancs n'ont jamais vraiment accepté que les noirs
vivent en liberté dans leur ville.
Certains personnages noirs ,
disent même que la police n'aurait pas fait tout ce ramdam si l'enfant à
retrouver était noir: le quartier n'aurait pas été bouclé, des
arrestations de noirs n'auraient pas eu lieu pour essayer de retrouver
l'agresseur.
Ce que raconte ce livre, c'est l'affrontement de deux
Amériques, les souffrances, les douleurs. Jusqu'à l'explosion finale
lors d'une marche organisée par le révérend Longway du quartier blanc,
Gannon. Peut être n'auraient t-ils pas dû traverser la frontière: le
parc où l'agression à eu lieu. Ce fameux parc qui se situe entre Gannon
(quartier blanc) et Dempsy (quartier noir).
Ville noire, ville blanche
est un polar qu'on ne peut lâcher avant d'avoir eu le fin mot de
l'histoire. Et dès la dernière page tournée, les réflexions et les
questionnements se bousculent dans notre tête. On ne sort pas indemne de
cette histoire. Surtout quand elle s'est joué devant nos yeux (car ce
livre est écrit comme un film. Un film que j'aurai bien aimé voir dans
une salle de cinéma). Je me demande d'ailleurs pourquoi j'ai laissé ce
livre dormir trois ans dans ma PAL. L'erreur est enfin réparée et je
vous conseille de découvrir la plume nerveuse et sans concession de
Richard Price. Elle m'a laissé plus d'une fois hors d'haleine et sans
voix.
Richard Price: Ville noire, ville blanche, (Freedomland), France Loisirs, 718 pages, 1998
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